Fondeur & Marchand de sculpture.
Issu d’une famille de cultivateurs, Ferdinand Barbedienne naît le 6 août 1810 sur le territoire de L’Oudon, dans le Calvados.
Envoyé à Paris, il commence sa carrière en tant qu’apprenti pour diverses entreprises de papiers peints, avant de monter sa propre affaire en 1833 rue Notre-Dame-de-Lorette et devient l’un des premiers marchands de papier peint de la capitale.
Afin de faciliter la vente , il présente les rouleaux de papier imprimés sur des tréteaux en les maintenant par de petits bronzes qu’il achète dans le quartier. Les clients désirant fréquemment acheter ces bronzes. Il décide d’étendre son commerce et se lance dans l’édition en 1839, décision soutenue par Achille Collas qui avait mis au point un cylindre d’impression mécanique de motifs sur toile, permettant entre autres d’assortir les tissus aux papiers peints.
A cette période plusieurs facteurs économiques et sociaux vont largement favoriser ce commerçant hors pair. L’émergence de la bourgeoisie et l’aspiration à un certain confort symbole matériel de la réussite sociale et le développement des expositions publiques propulse Barbedienne au premier plan. La demande importante d’oeuvres d’art jusqu’a lors réservées aux élites favorise la création de procédés de reproductions par exemple la lithographie qui se développe vers 1830, la photographie … mais aussi le pantographe.
Collas & Barbedienne ( 1838-1859)
Ayant très vite compris l’avantage d’un telle invention, Barbedienne s’associe à Achille Collas (1795-1859) qui avait amélioré le pantographe de Gatteaux. Il se lance alors dans la vente de miniatures en bronze de statues antiques et reproduction d’œuvres sculptées des plus grands musées européens. Au début des années 1860 l’usine emploie environ 300 ouvriers.
Barbedienne & les syndicats
En 1867, il se trouve au centre de la grève générale qui paralyse pendant trois mois les fonderies parisiennes. Il est le premier patron à admettre la réduction de la journée de travail de 11 à 10 heures. A cette même époque il refuse l’intrusion d’une société mutualiste montée par les ouvriers du bronze et qui sera à l’origine du mouvement syndicaliste parisien, puis international.
Barbedienne se heurte violemment à l’organisation ouvrière, tente d’obtenir la dissolution du syndicat. Il devra pourtant céder. De 1864 à 1885, Barbedienne sera régulièrement réélu président de la Réunion des fabricants de bronzes.
A l’instar de son concurrent Susse, Ferdinand Barbedienne développe des contrats d’édition avec les artistes contemporains . Le contrat cadre l’exécution à ses frais des oeuvres tout en en laissant la nue-propriété aux artistes. Les réductions ouvraient à une prime sur le prix de la vente . Cet intéressement aux bénéfices était un principe tout à fait nouveau pour les sculpteurs La manufacture de Sèvres développa aussi ce genre de contrat . Les primes purent aller jusqu’à 50 % lorsqu’il s’agissait de cires perdues nécessitant des interventions de l’artiste. Néanmoins certains artistes tels Clésinger appréciés peu la modification des oeuvres, celui ci intentera un procès dont il sera débouté en 1866.
Le 22 mars 1843 il signe avec Rude son premier contrat de cession pour l’oeuvre le pécheur à la tortue. : Paul Dubois, le chanteur florentin présenté au Salon de 1865; Rude; Carrier-Belleuse; Barye; Frémiet; Antonin Mercié, David présenté au salon de 1872… et crée de très nombreux modèles de bronze d’ameublement, et de pièces émaillées. Le catalogue comprend néanmoins une grande partie d’oeuvres libres de droits Vers 1870, il produit environ 1 200 bronzes de toutes tailles par an.
En 1878, à la vente après décès de Barye, il acquiert les huit-dixièmes des modèles édités par le sculpteur, soit 125 plâtres dont il achète également les droits d’édition en bronze. En 1889, le catalogue Barbedienne comptait 450 sujets en bronze par 45 sculpteurs différents.
Les collaborateurs Sevin & Artage
Le sculpteur Constant Sevin fut, à partir de 1855, et trente-trois ans durant, l’un de ses plus proches collaborateurs. Barbedienne l’avait embauché en remplacement de son chef décorateur, Cahieu, emporté par le choléra. Pour l’exposition universelle de 1878 Sévin réalisé un horloge en bronze de style néo -renaissance, cette oeuvre mesurant près de quatre mètres de haut la maison Barbedienne reçoit le grand prix du jury quant à Sévin il reçoit une médaille d’or au titre de collaborateur. A la suite de cette exposition Ferdinand Barbedienne sera promu au grade de commandeur de la légion d’honneur.
Les collaborateurs de Barbedienne seront: Mauguin (architecte), C. Gilbert (chef de travaux), Phoenix (sculpteur), Lecompte (contremaître ciseleur), Leblanc (contremaître, monteur), Guigon (contremaître ébéniste), Blugeot (contremaître de la réduction), Lerouvillois (ciseleur), Maxime Bette (monteur), Bichon et Besson (menuisiers ébénistes), Constant Sévin (sculpteur ornemaniste). On connaît aussi un autre chef de l’atelier de ciselure : Désiré Attarge, lauréat du Prix Crozatier auquel succéda Cauchois-Maurel. Barbedienne employa également un émailleur réputé nommé Serres.
Le repertoire iconographique à l’antique inspire largement Barbedienne, que ce soit dans le domaine de la sculpture ou dans celui des arts décoratifs.
Il réalise ainsi plusieurs œuvres en lien avec les découvertes archéologiques gallo-romaines ainsi que des bronzes d’ornement pour la maison pompéienne du Prince Napoléon avenue Montaigne.Ce succès n’est pas sans contrepartie : les contrefaçons envahissent le marché. Elles sont surtout le fait de praticiens italiens. Il leur intente un procès mais sera débouté, la Cour considérant que les modèles appartiennent au domaine public et que le procédé Collas utilisé par Barbedienne est aussi tombé dans le domaine public.
Lorsque la guerre franco-prussienne éclate en 1870, Barbedienne est mandaté par le gouvernement français pour reconvertir sa fonderie en fabrique de canons.
BARBEDIENNE-LEMAÎTRE (1889-1891)
Lemaître faisant sans doute l’office de directeur adjoint. Lemaître apporte « son travail et son expériences des affaires de la maison » et 50 000 francs,
En 1889, Barbedienne s’associe à Francis Lemaître, employé de l’entreprise (actes des 11 décembre 1889 et 2 janvier 1890).
BARBEDIENNE-LEMAÎTRE-LEBLANC (1891-1892)
Le 2 février 1891, Gustave Leblanc, neveu de Ferdinand, devient le troisième associé de la Société à des conditions sensiblement équivalentes que celles de Lemaître. Toutefois, il est prévu que la société revienne au seul Gustave Leblanc avec le souhait qu’il conserve « autant que possible » la raison sociale « F. Barbedienne ».
Lemaître, malade, se retire en février 1892.
Ferdinand Barbedienne s’éteint le 21 mars 1892 à Paris.
GUSTAVE LEBLANC (1892-1911)
Maintien la marque « F Barbedienne » mais utilisa quelquefois sa propre signature « Leblanc-Barbedienne fondeur Paris »
En 1895, Gustave fond le premier groupe des Bourgeois de Calais. En 1898, le contrat entre Rodin et Barbedienne stipule, ce qui n’est guère courant, que les tirages d’éditions seraient contrôlés et devraient être acceptés par Rodin lui-même. Il fit quelques tirages pour Frémiet de son vivant et, à sa mort, en 1910, racheta tous les modèles à son éditeur Charles More dont le saint Michel qui connut un énorme succès (voir Annexe 4).
Parmi les grandes séries éditées, il faut noter les bustes charges de Daumier dont les droits furent acquis en 1929.
GUSTAVE LEBLANC-JULES LEBLANC (1911-1921)
En 1911, Gustave prend comme associé son fils Jules qui apporte « son travail et son expérience » « tout son temps et tous ses soins » (le contrat ressemble à celui qui lia Barbedienne à Lemaître, puis à lui Gustave Leblanc). La raison sociale demeure « F. Barbedienne ».
La maison est frappée comme tous les fabricants par la grande grève des ouvriers du bronze qui dura de début juin à fin juillet 1919. Puis une suite de grèves perlées, ajoutée à la crise que connaît le bronze d’art (vogue croissante du dépouillement dans l’ameublement), déciment le monde des fabricants de bronzes. La maison Barbedienne supporte ces épreuves mieux que la moyenne de ses confrères, mais une reconversion s’impose.
LEBLANC-BARBEDIENNE ET FILS (1921-1954)
Adresse : 15 cité Canrobert (rue détruite située à l’actuel niveau du 32 rue de Cambronne), Paris 15e (quartier Necker), fonte à cire perdue seulement.
Signatures relevées par El. Lebon :
Cachet Leblanc-Barbedienne, dans un losange : CIRE PERDUE – LEBLANC-BARBEDIENNE& FILS – A PARIS
Autres : « cire perdue L.B. » ou « Cp L.B. » ou « LEBLANC-BARBEDIENNE FONDEUR PARIS »
En juin 1921, Gustave et Jules créent une nouvelle société « Leblanc-Barbedienne et fils », installée cité Canrobert pour les fontes à cire perdue seulement. Elles seules portent un cachet au nom de « Leblanc-Barbedienne ». Les fontes au sable sont toujours marquées au nom de Barbedienne.
Gustave Leblanc-Barbedienne fut vice-président de la Chambre syndicale des fabricants de bronzes en 1921 et vice-président du jury de la classe X à l’Exposition des Arts décoratifs de 1925 où sa maison était hors-concours. Jules fut président de la Réunion des fabricants de bronzes de 1924 à 1939. Il est nommé conseiller du Commerce extérieur de la France en mai 1930. Il est particulièrement actif en tant que membre de la Chambre syndicale pendant la préparation de l’Exposition internationale de 1937.
En 1954, la maison Barbedienne, victime du désintérêt général pour le bronze d’art, et en premier lieu pour le bronze d’édition, doit fermer ses portes après avoir soldé son fonds. Dans la mesure du possible, les modèles furent revendus par priorité aux ayants droit.
Médaille de collaborateur à l’Exposition universelle de 1862.
Médaille de seconde classe à l’Exposition de L’Union centrale des beaux-arts appliqués à l’industrie de 1863.
Médaille d’or de collaborateur à l’Exposition universelle de 1867.
Médaille d’or de collaborateur à l’Exposition universelle de 1878 (rappel).
Chevalier de la Légion d’honneur en 1867.
Officier de la Légion d’honneur en 1878.
Ateliers
– Rue Notre-Dame de Lorette, Paris 9e (quartier Saint-Georges), 1839-1856
– 61 et 63 Rue Lancry, Paris 10e (quartier porte Saint-Martin), fonte au sable, 1856-1954
– 6 Impasse de Lancry (actuelle rue Legouvé), Paris, 10e (quartier Porte Saint-Martin), 1883-après 1889
– 25, 27 et 33 rue des Vinaigriers, Paris 10e quartier Porte Saint-Martin), 1875-après 1889
– 15 cité Canrobert (rue détruite située à l’actuel niveau du 32 rue de Cambronne), Paris 15e (quartier Necker), fonte à cire perdue seulement, à partir de 1921.
Usine
– 61 avenue de la République, Crosne (Seine-et-Oise), à partir de 1929 ( ?)
Siège social, galerie
– 30 boulevard Poissonnière, Paris 9e (quartier faubourg Montmértre), 1863-1934)
53 avenue Victor-Emmanuel III (devient en 1945 l’avenue Franklin-Roosevelt), Paris 8e (quartier faubourg du Roule), 1935-1954.